Remercier la nature. C’était mon objectif.

Pour y parvenir, je me suis mis à poil en offrant une partie de ma récolte.
Retour sur une expérience toute particulière : mon don à une association qui fait parler.

Tout commence en septembre 2019. Les vendanges battent leur plein. Je suis dans mon chai de vinification en train de surveiller les fermentations de mes Crozes-Hermitage, Saint-Joseph et Hermitage.
Une nouvelle remorque remplie de beaux raisins arrive au domaine. Je vois dans toutes ces belles grappes de Syrah un véritable cadeau de la nature.
C’est donc tout naturellement qu’un profond besoin de remerciement commence doucement à germer dans ma tête. L’objectif est donc là : remercier Dame Nature pour la belle récolte qu’elle nous offre.
Oui, mais comment ?

 

“Remercier Dame Nature,
oui, mais comment ?”

D’abord, l’idée de vinifier un vin rosé. Histoire de changer mes habitudes puisque la production de rosé est interdite dans nos appellations des Côtes du Rhône Septentrionales. Mais nous y reviendrons.
Ensuite, d’utiliser l’argent de ce rosé pour planter des arbres. Beaucoup d’arbres. Voilà donc ma manière de remercier la Nature.
Et pendant que mon rosé fermente à basse température pour en dégager une palette aromatique encore plus intense, je commence à chercher le bénéficiaire des ventes de cette nouvelle cuvée. Une recherche auprès de notre maître à Tous « Google » m’indique une pléiade d’associations planteuses d’arbres. Mais très souvent à l’étranger.
Je tombe alors, un peu par hasard, sur un article présentant l’ASPAS (1) et leur achat de 500 ha de terres dans le Vercors destinés à devenir une réserve de vie sauvage. Bingo ! Je les contacte. On se rencontre et rapidement commence une belle collaboration concrète et locale.
L’étiquette du rosé est maintenant finalisée. Elle est belle. Je suis heureux. D’autant que le doux breuvage est une véritable bombe aromatique. J’en suis d’ailleurs le premier surpris. La chance du débutant certainement.

Commence alors le travail de communication pour espérer vendre les 2 300 bouteilles produites. J’envoie quelques dossiers de presse. Un journaliste du Dauphiné Libéré me répond et me propose une petite interview par téléphone. Sa voix est plutôt jeune. Le coup de fil dure 10 minutes. Nickel. Enfin presque puisque, quelques jours après, je vois l’article en page régionale du journal avec le titre « UN CROZES-HERMITAGE ROSÉ… ». Aïe ! Le rosé en question n’est bien-sûr pas un Crozes-Hermitage puisque la production de vin rosé n’a jamais été autorisé dans notre appellation. Une grossière erreur qui ne va pas être du goût de tous et va rajouter un peu de piquant à la situation déjà bien abrasive.

Car, en effet, je vais commencer à comprendre que l’association l’ASPAS n’est pas très soutenue par la plupart des structures et organisations professionnelles agricoles qui m’entourent. D’abord la confédération paysanne. Ensuite l’appellation Crozes-Hermitage, la SAFER et même le président de la Chambre d’Agriculture de la Drôme qui me propose de me guider dans le choix d’une autre association plus enclin à aider la biodiversité de notre région.
Je comprends alors que l’ASPAS est perçue comme étant le promoteur du loup dans les forêts entraînant, d’après les opposants, la fin du pastoralisme et l’arrivée des « mangeurs d’enfants ».

Intéressé par ces questions, je vais passer un peu de temps à approfondir ce sujet passionnant et particulièrement clivant.
J’apprends alors que les bergers, bien que soutenus par diverses mesures de l’état, sont confrontés à un bouleversement de leur métier et de leur quotidien. Certains subissent effectivement de lourdes pertes de brebis obligeant à augmenter la surveillance de leurs troupeaux. Comme autrefois.
J’apprends aussi la place et le rôle du loup dans nos écosystèmes ainsi que celle de l’Homme parfois peu reluisante et entachée par de nombreuses actions de prédation et d’extermination.

Au final, deux camps. Les écolos et les bergers. Deux camps qui ne se parlent pas et qui s’affrontent avec détermination.
Dans cette expérience j’ai compris que les parties ont besoin de se positionner dans les “extrêmes” pour faire diffuser leurs idéologies auprès du grand public.

Pour ma part, je serais plus favorable à une position un peu plus sereine, réfléchie et argumentée afin d’avancer dans les meilleures directions. En tout cas celles qui favorisent d’abord le plus grand nombre et ensuite les intérêts plus particuliers.
Pour moi, la préservation d’espaces naturels vierges de toute activité humaine me paraît fort intéressante pour sauvegarder un peu la Nature dont nous faisons partie et dont nous avons Tous besoin.

J’ai donc été heureux d’offrir en 2019 près de 25 000 € à l’ASPAS pour créer 16ha de réserve de vie sauvage.
Et c’est aussi pour cela, qu’un second rosé est né en 2020 dont l’argent des ventes ira, lui aussi, à cette association.

Mon souhait serait désormais que les passions et les intérêts n’empêchent pas de se parler pour parvenir à organiser ensemble et durablement la vie de demain.

(1) https://www.aspas-nature.org/reserves-vie-sauvage/

Pour profiter de ce rosé aux arômes explosifs et faire un geste concret pour notre Nature, vous trouverez les bouteilles dans la boutique du domaine ici : boutique.
Merci de votre confiance et de votre aide dans cette belle action ! Laurent